Sur les réseaux sociaux, je tombe fréquemment sur les récits de certains chasseurs inexpérimentés qui relatent avoir malheureusement perdu des ours après des tirs douteux ou à cause d’un choix de munition inapproprié. L’ours noir est un mammifère qui possède une résistance et une force hors du commun qu’il ne faut jamais sous-estimer. De concert avec ces affirmations, bien des néophytes pourraient penser qu’il faut utiliser un calibre très puissant pour le terrasser, alors que pourtant, les calibres moyens bien connus suffisent amplement pour le mettre au tapis. Cependant, là où le bât blesse en général, tous calibres confondus, c’est davantage au niveau d’un mauvais choix de munition et d’un manque de connaissance de l’anatomie de l’animal chez une majorité d’adeptes.

Comme point de départ pour abattre proprement un ours, je recommande de judicieusement choisir votre ogive. Même si des balles conventionnelles en plomb mou comme les Winchester Power point, Federal Power Shok JSP et Remington Core-Lokt pour ne nommer que celles-là, sont responsables de la récolte de bien des ours d’hier à aujourd’hui, et bien qu’elles puissent faire l’affaire de façon générale avec les calibres «lents», elles ne sont pas tout à fait ce que je considère comme des «bonnes balles à ours», mais plutôt de bonnes candidates pour le cerf de Virginie.  De par leur conception, ces balles très expansives ont tendance à se fragmenter, surtout au contact d’os et personnellement, je ne suis pas très chaud à l’idée de retrouver des fragments de plomb dans mon assiette.

Mon choix personnel se dirige plutôt vers les projectiles qui transpercent et dans cet ordre d’idée, je suis un grand amateur d’ogives monolithiques en cuivre. Celles-ci ont justement cette prédisposition à traverser de part en part l’animal et à déployer une onde de choc puissante à la suite d’une expansion modérément contrôlée. Un projectile qui transperce favorise également un écoulement sanguin plus important, qui est fort utile si on doit rechercher un spécimen. Trait particulier de l’ours, sa graisse et sa fourrure dense ont tendance à colmater les lésions, si bien que les indices par saignement sont souvent très faibles ou même inexistants, notamment dans le cas d’un seul trou d’entrée de projectile et comme je le mentionnais précédemment, des balles monolithiques comme la  Federal Trophy Copper et la  Barnes TTSX BT par exemple, sont celles qui s’attirent mes faveurs dans cette application. En second choix, j’opte pour une balle hybride comme la Federal Trophy Bonded Tip, une ogive fusionnée (bonded) très versatile que j’aime beaucoup également.

Somme toute, après un choix de munition judicieux, le deuxième point en importance est l’impérative nécessité d’un tir en zone vitale. La plupart des chasseurs ayant uniquement pour référence les organes vitaux d’un chevreuil, sont souvent ceux qui ont le plus de chance d’effectuer un mauvais tir sur un ours. En effet, contrairement au cervidé, le cœur et les poumons de l’ours se retrouvent plus haut et plus vers l’arrière chez ce dernier. Une vielle règle d’or dans la communauté des chasseurs d’ours suggère de viser le «milieu du milieu», ce qui n’est pas tout à fait adéquat. En effet, si on analyse bien la morphologie de l’ours, on constate vite qu’en suivant cette façon de faire, le projectile arriverait théoriquement dans la pointe des poumons ce qui peut résulter en un ours blessé à l’abdomen, donc perdu, si celui-ci bouge au moment du tir. Suivant cet ordre d’idée, je recommande toujours d’attendre l’occasion de faire un tir sur un ours vue de profil, appuyé sur au moins trois pattes, avec justement la zone des poumons bien en vue comme cible idéale. On doit également éviter de tirer sur un ours assis ou recroquevillé, car ses organes vitaux sont alors compressés et pas nécessairement à l’endroit où ils devraient être pour un tir mortel. En partant du principe de base du «milieu du milieu», qui est situé entre la hanche et l’épaule, pour un tir fatal, la visé devrait en réalité se faire trois à quatre pouce de plus vers l’avant. Ainsi, on est certain d’atteindre l’organe de plein fouet avec un résultat terminal des plus efficaces.